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La journée d'hier a été dense et chargée. Aussi dense qu'une plaquette de beurre.

Comme une plaquette de beurre, elle est aussi capable de fondre aux bons moments. 

La grand-mère de ma copine a eu 89 ans et pour l'occasion, au lieu de faire la fête avec les quelques personnes habituelles, il a été décidé de réunir toutes les sœurs avec leurs enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. 
Et donc hier nous étions environ 60 personnes, ce qui, quand j'y pense la première fois, m'a donné le vertige. 

Je me suis réveillé à 7 heures du matin, j'ai pris un petit-déjeuner lent, j'ai profité de la brise matinale sur la terrasse tandis qu'autour de moi un silence irréel me faisait sentir béni envers toute l'humanité. 

À 13 heures, nous avons été catapultés sur le champ de bataille, et vous ne pouvez qu'imaginer le brouhaha, les toasts et les moments de moquerie qui ont suivi pendant les quatre heures suivantes. 
Grand-mère commence à montrer des signes de vacuité, des moments où elle semble simplement aller ailleurs, et je la comprends. Après tout, parfois je le fais aussi.
Disparaître, se perdre, s'évanouir. 

J'ai parfois l'impression que nous avons emménagé ensemble dans cette nouvelle maison, encore en location, et que nous y avons trop peu pensé, comme si elle n'était qu'un débarcadère, un port d'où il faudrait, à un moment donné, se détacher et partir.
Et c'est une pensée qui m'insuffle de l'instabilité parce que, malgré ses faiblesses, j'aime cette maison mais elle n'est pas à moi et je ne la sens pas à moi, je la sens comme un point de départ qui est là aujourd'hui et peut-être demain.

Mais à ce stade, nous avions parlé à tout le monde de la nouvelle maison que nous étions sur le point d'acheter, un comportement plutôt inhabituel de ma part, car je reste extrêmement prudent jusqu'à ce que je conclue enfin l'affaire et que j'aie la certitude (en partie par superstition et en partie par culture familiale). J'avais beaucoup fantasmé sur cette maison, sur la façon dont j'aimerais organiser l'espace, comment ordonner la vaste terrasse de 60 mètres carrés, la cuisine-salon ouverte, la cheminée à bois dans le coin. Arriver à ce point et devoir tout abandonner, avec la complicité de personnes peu sérieuses et d'un courtier immobilier incompétent, a été une grande déception et une grande douleur. 

Ajoutez à cela le fait qu'il sera de plus en plus difficile d'obtenir un prêt hypothécaire car je n'ai pas un salaire stable comme ma copine et que les taux d'intérêt augmentent de mois en mois (j'ai eu la chance de prendre un prêt hypothécaire à 2%, aujourd'hui grâce aux nombreuses pertes de temps nous sommes à 4% ! !!), et je sens que l'une des plus belles opportunités de ma vie s'éloigne.  

Je pensais avoir dépassé tout cela, mais la plaie s'est rouverte hier lorsque des proches nous ont posé des questions sur la nouvelle maison, et j'étais là, à devoir en dire le moins possible parce que dans moins d'une semaine, nous aurons une réunion avec le courtier et les vendeurs où nous devrons "négocier" une demande d'indemnisation assez importante à notre encontre. Et vous savez, le monde entier est un pays et moins on en dit, mieux c'est.

Il est donc clair qu'en fin de compte, la journée d'hier était tout sauf facile. Le long déjeuner et ma réticence à rester assis pendant des heures à regarder d'autres personnes manger des quantités de nourriture très éloignées de mon propre mode de vie, et à répondre à des questions embarrassantes (outre l'habituelle : " quand allez-vous faire de moi une grand-mère ? ") m'ont rendu un peu prostré. 

J'ai envié mon beau-père quand, sans dire au revoir à personne, il s'est enfui pour savourer à nouveau sa liberté. 

Pardonnez la grammaire, mais aujourd'hui j'ai juste jeté mes pensées comme elles me venaient.

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